Travailler le sujet de réflexion en 3e à partir du thème des IA génératives

Cette séquence a été menée avec deux classes de 3e pour aborder le sujet de réflexion sur le thème des IA génératives.

L’idée est venue d’un constat : les élèves avaient à lire en lecture cursive le recueil de nouvelles d’anticipation Journal d’un clone et autres nouvelles du progrès et devaient faire un compte rendu de leur lecture.

Or, lors de l’évaluation de ces comptes rendus, je me suis aperçue que certains d’entre eux ressemblaient étrangement à des réponses d’IA. Une petite vérification sur une IA générative de textes et voilà les soupçons confirmés.

J’ai donc décidé de faire réfléchir les élèves à l’utilisation des IA génératives et de travailler en même temps le sujet de réflexion qui est, pour des élèves de 3e, un exercice difficile.

1) Présentation de la séquence

Le travail, basé essentiellement sur une étude de documents, s’est fait sur plusieurs séances. Parallèlement, la méthode du sujet de réflexion a été abordée.

Est venu ensuite le temps de la recherche d’arguments et d’exemples à partir des documents travaillés mais aussi de recherches faites par les élèves.

Enfin, la séquence s’est terminée par le travail de rédaction en deux parties faites en classe.

2) Etapes du projet

a) Première étape : observation de documents générés par IA

Il s’agissait ici de faire en sorte que les élèves se rendent compte par eux-mêmes de ce à quoi peuvent ressembler les réponses d’une IA générative de textes et d’avoir une vision critique de son utilisation. Pour ce faire, je me suis mise à la place d’un élève et j’ai imaginé les questions qu’il pourrait poser sur l’un des personnages principaux du Journal d’un Clone de Gudule pour faire son compte rendu de lecture .
(NB : le document 1 ci-dessous est un simple copier-coller des questions posées à l’IA et des réponses données ; aucune erreur n’a donc été corrigée)

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A partir des réponses générées par l’IA, les élèves devaient ensuite répondre à deux questions pour amorcer la réflexion :

  • Que pensez-vous de ces réponses ?
  • Un élève qui aurait posé de telles questions à l’IA générative pour faire un devoir devrait-il présenter ces réponses sous son nom ? Justifiez votre point de vue.

Après discussion autour notamment des informations erronées donnée par l’IA (nom de l’auteur ou du personnage Milo par exemple) et mise en commun des arguments des élèves, ce travail d’observation s’est poursuivi par une analyse du style propre à l’IA. Pour cela, j’avais au préalable demandé à l’IA générative de nous donner les caractéristiques d’un texte écrit par une IA (document 2 ci-dessous).

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Les élèves ont ensuite dû vérifier en quoi les réponses générées par l’IA concernant le personnage principal (document 1) correspondaient aux caractéristiques du style répertoriées par cette même IA (document 2).

A partir de cet exercice d’introduction, les élèves ont pu observer que les réponses apportées par une IA, et dont les phrases étaient souvent standardisées, pouvaient être erronées, qu’elles restaient très abstraites, utilisaient un vocabulaire trop « clinique » ou impersonnel (en tout cas inadapté pour un travail d’élève de 3e) et ne rentraient jamais dans le détail (pas de citations par exemple).

b) Deuxième étape : l’étude de documents

Divers documents ont été proposés aux élèves pour balayer quelques-unes des nombreuses questions que soulèvent les IA et en particulier les IA génératives.

Il s’agissait :

Par le biais de tous ces documents, les élèves ont pu travailler sur les différences essentielles entre intelligence humaine et intelligence artificielle, aborder la notion de propriété intellectuelle et de droit d’auteur mais aussi la qualification d’une œuvre d’art en fonction de ses caractéristiques (répertoriées là aussi par l’IA !). Le fonctionnement des GANs (réseaux antagonistes génératifs), les risques des IA et notamment des Deep fakes ont également été étudiés.

c) Troisième étape : la rédaction

A partir de tout ce « matériau », les élèves ont pu trouver les arguments nécessaires à la rédaction de leur sujet : « Faut-il éviter d’utiliser les IA génératives ? »

Tous les arguments ont été énumérés puis classés de manière collégiale en suivant une logique thématique.

Les élèves ont ensuite dû rédiger au brouillon et à la maison l’introduction en suivant les conseils de la fiche méthodologique du sujet de réflexion que je leur avais donnée. Comme l’introduction demande une explicitation ainsi qu’une reformulation des termes du sujet, une vidéo de Canotech définissant les IA génératives a été proposée.

Source : Canotech, Les intelligences artificielles génératives

Au cours du visionnage, les élèves ont pris des notes pour pouvoir ensuite rédiger leur introduction en partant d’une définition plus précise des IA génératives afin d’éviter tout hors-sujet.

Ils ont aussi eu à préparer une fiche avec des exemples précis pour chacun de leurs arguments en faisant des recherches personnelles sur internet.

La rédaction de l’introduction et de la thèse s’est faite sur une séance d’une heure. Les élèves avaient à leur disposition tous les documents vus en cours plus ceux qu’ils avaient trouvés par eux-mêmes. Ces productions ont ensuite été évaluées et ont donné lieu à des feedbacks sur les stratégies argumentatives et méthodologiques mises en œuvre.

Ces feedbacks ont permis une amélioration quasi générale de la deuxième partie du devoir qui consistait à rédiger l’antithèse et la conclusion sur une séance d’une heure également.

3) Conclusion

Même si la réalisation de ce projet a été faite en grande partie sans avoir recours aux outils numériques (bien qu’elle puisse être également envisagée sous forme de parcours scénarisé dans ELEA), elle a permis aux élèves d’avoir une démarche réflexive sur leur pratique du numérique.

En s’interrogeant sur l’IA et ses potentialités, y compris celles du leurre du devoir "tout fait", et donc nécessairement sur les risques qu’elle comporte, ils ont découvert qu’il fallait l’utiliser à bon escient et de manière éthique. Mais pour cela, ils auront besoin de l’accompagnement de leurs enseignants qui devront être eux-mêmes formés.